Don d’organe, différencier le choix du défunt et de l’entourage - Odella.fr

En France, les donneurs potentiels d’organes et de tissus sont en nombre inférieur à celui des receveurs, patients gravement malades dont la greffe ou la transplantation est le seul moyen de retrouver la santé et de rester en vie.  

Le don d’organe, le choix du défunt prévaut-il sur celui de l’entourage ? 

En France, la loi sur le don d’organe est très claire. Si la personne, donneur potentiel, en vie n’exprime pas son refus du don d’organe, son consentement est tacite. 

Pour autant, la situation est plus claire si la décision de la personne est clairement signifiée de son vivant. Elle peut exprimer sa volonté de refus de prélèvements d’organes et de tissus auprès de sa famille, qui sera alors en charge de retransmettre cette décision, aussi clairement que possible, au médecin et à l’équipe de coordination responsable des dons d’organes et de tissus après le décès.  

Le défunt peut, si les membres de la famille s’opposent sur le sujet et afin d’éviter qu’ils s’affrontent le jour venu, inscrire sa décision au registre national de refus du don d’organe, dont la gestion est assurée par l’agence de biomédecine. Ce refus, même s’il est inscrit sur le registre, n’est pas définitif, la personne pouvant revenir sur sa décision à tout moment. 

Le don d’organes devrait donc s’organiser simplement. Mais la décision du défunt, si elle existe, doit, semble-t-il faire l’unanimité parmi les membres de la famille pour prévaloir sur celle de son entourage.  

Cas particulier : le don d’organe chez l’enfant mineur est soumis au consentement de chaque personne titulaire de l’autorité parentale (parents ou tuteur). Si l’un des titulaires de cette autorité ne peut être consulté, le prélèvement d’organes et de tissus ne pourra être effectué que si le second titulaire exprime son consentement par écrit. 

Le don d’organe, comment justifier l’opposition de la famille ? 

Le don d’organe met en présence le receveur en attente de greffe, le donneur et la famille, en souffrance devant le décès d’un proche. En sociologie, Philippe Steiner, qualifie cette situation de “choix tragique”. Ces mots illustrant la situation dans laquelle se trouve la famille d’un patient décédé à laquelle on demande de se prononcer sur le prélèvement de ses organes et de ses tissus. 

Par le prélèvement des organes et des tissus, une greffe ou une transplantation implique que l’intégrité du corps des donneurs n’est pas respectée. Ce qui est une des raisons principales de l’opposition de la famille au don d’organe et principalement si le patient est en état de mort cérébrale (mort encéphalique) et que son cœur bat encore, même avec l’aide d’un respirateur.  

Le refus est donc lié à différents facteurs culturels comme la représentation du corps après la mort, la mort elle-même et le don dans la société, ainsi qu’aux conditions dans lesquelles est faite la demande de don d’organe. D’une façon générale, le conjoint ou les enfants qui doivent se positionner par rapport au don d’organes n’ont pas conscience de la générosité et de la solidarité dont fait preuve chaque famille qui accepte que le foie, le cœur, un rein ou la peau de leur parent décédé soit prélevé pour le bien de quelqu’un d’autre.  

Malgré tout, la greffe et la transplantation sont encore des pratiques médicales sur lesquelles la famille manque d’information. Il ne suffit pas de dire “oui”, il faut être persuadé que la décision prise est la bonne. Que les dons et les transplantations auront lieu dans le but précis de sauver la vie d’une ou plusieurs personnes ou au minimum, d’améliorer la qualité de vie de patients atteints de maladies graves. 

Rappel : la différence entre greffe et transplantation est subtile et très technique. La greffe consiste à implanter (introduire) un greffon dans un autre organisme alors que dans la transplantation, l’organe transplanté est revascularisé par suture entre le circuit sanguin du donneur et celui du receveur. L’un ou l’autre des termes convient, quelle que soit la situation. 

Le don d’organe, quel est le poids du choix de l’entourage ? 

En France, même devant ce mode de consentement dit “présumé”, diverses études prouvent que l’équipe médicale et le médecin tendent à respecter le choix de la famille lorsqu’elle s’oppose au choix du patient qui lui, n’a pas émis de refus de don d’organe. C’est également vrai lorsque la personne décédée accepte tacitement les prélèvements et que la famille marque son opposition. 

Cette façon d’agir montre la volonté de l’équipe médicale et du médecin de ne pas ajouter à la souffrance de la famille. Il s’agit là aussi d’admettre que la descendance directe du donneur potentiel ait un droit sur le devenir du corps après le décès. En tenant compte de la situation complexe où se pose la question du consentement, le corps médical aurait du mal à faire autrement. 

On reparle plus précisément de la situation d’une personne dans un état de mort cérébrale (mort encéphalique) où le corps conserve une apparence de vie grâce en particulier au respirateur artificiel d’un hôpital. Comment exiger que la famille donne un consentement rapide ? Et comment croire que l’équipe médicale et le médecin en charge du patient soient volontaires pour effectuer des prélèvements d’organes et de tissus sur ce corps, alors que la famille n’a pas donné son consentement ? 

L’équipe médicale, y compris le médecin en charge du patient décédé au sein de l’établissement soignant (hôpital) sont dans la démarche d’effectuer les prélèvements des organes ou des tissus de ce patient s’ils sont porteurs du consentement du défunt et que la famille le transmet tel quel, sans émettre de réserves.  

Alors est-ce que l’avis de l’entourage prévaut sur celui du défunt ? On peut penser que la question n’a pas encore obtenue de vraie réponse.

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